News:Au p’tit coin noir du coton blanc ; le côté obscur de la coton-culture dans le Jitumu & environ….

Published:
Monday, December 19, 2016

Au p’tit coin noir du coton blanc ; le côté obscur de la coton-culture dans le Jitumu & environ….

Qu’elle soit sous la plume ou sur les ondes, les projecteurs médiatiques dépeignent généralement la blancheur du coton  de manière si éblouissante et captivante qu’ils ne nous permettent  jamais aucune attention pour les incompréhensions et inquiétudes paysannes relatives  aux typologies des semences  cotonnières en jeu. Alors que l’accès à ces genres  d’informations est un facteur important d’accroissement de la productivité sous tous les cieux et dans tous les cas  d’exploitations AGRICOLES…  

A vue d’œil et à ouie dire, le coton est la culture dont l’exploitation est la plus encadrée et la mieux financée au Mali.  C’est une culture à but uniquement commercial qui contribue largement  au PIB national.   Dans le contexte actuel du Jitumu qui nous concerne dans le présent exercice, c’est une culture qui  évolue dans un tandem OHVN (l’Office de la Haute Vallée du Niger)  CMDT (Compagnie Malienne des textiles), les deux principaux services nationaux en charge du développement de la coton culture dans les zones du Jitumu et environ. Tandis que la première fournit les intrants et les encadrements techniques aux paysans à crédit, la seconde achète la production pour l’approvisionnement de ses usines de filatures.  

Le terroir du Jitumu est une zone de culture cotonnière  faisant partie d’un vaste secteur agricole dit de l’OHVN (Office de la Haute Vallée du Niger).  Ici dans le Jitumu, la coton culture reste principalement une affaire d’homme. Les femmes ne possèdent qu’exceptionnellement leurs champs de coton. Les coton-culteurs du Jitumu & environ,  sont organisés au sein d’une grande union de coopérative villageoises réunissant les producteurs cotonniers  d’environ 101 villages répartis sur 6 communes rurales au sud de Bamako. Cette union de coopératives de producteurs cotonnier est elle-même membre d’une fédération d’union de coopératives au niveau régional qui est enfin affiliée à une grande confédération d’unions de producteurs cotonnier au niveau national.

Ici au Jitumu, le coton est une culture d’importance majeure dans le paysage agricole locale. Il occupe plusieurs milliers d’hectare de superficie, de paysan.  Peu de villages du Jitumu ne le pratique pas.  Ce qui en fait une source considérable de revenu pour les paysans.   Dans la mesure où les effets de la fertilisation de cette année sont censés profiter, dans l’opinion publique paysanne, aux cultures de l’an prochain ;  l’on préfère semer quelque chose d’autre à la place du coton qu’on  déplace sur une nouvelle parcelle chaque année. Cela en fait  un facteur non négligeable de rotation des cultures. Au-delà de cet aspect rotatif, le choix de la culture du coton donne automatiquement accès ; selon la taille des superficies déclarées auprès de l’OHVN par les paysans, aux fertilisants en quantités. Ce qui en fait  un autre facteur non négligeable de facilitation d’accès  aux  fertilisants dans  le contexte d’impécuniosité  fréquente que vit le paysan du Jitumu et environ, à l’orée de chaque saison de pluies.  Enfin mais pas des moindres, c’est à cause du coton qu’il existe  et qu’est régulièrement entretenu, à travers le Jitumu et environ, un dense réseau routier local de pistes rouges. Ce sont, en fait, par ces ‘’routes du coton’’ que les rendements de coton sont acheminés des villages de production vers les centres de de collecte et de prétraitement. 

Même si l’introduction  de la culture actuelle de coton à but commercial dans le Jitumu  ne date, que  de moins de siècle, elle a complètement supplanté la coton-culture traditionnelle à usage domestique qui fournissait  leurs matières premières aux tisserands ainsi qu’à d’autres artisanats locaux actuellement disparus pour la plupart.  Actuellement, le coton est l’une des principales sources de revenu pour plusieurs paysans  à travers le terroir du Jitumu.

Cette année le kilo du coton sera acheté au paysan à la somme astronomique de 250F cfa, un seuil jamais atteint dans toute l’histoire récente de la cotonculture au Mali. Avec une prévision annuelle, en termes de production, de 6000 ha pour 6000 tonnes, l’union des coopératives de producteurs de coton d’Ouelessebougou dont le Jitumu fait partie a pu réaliser 5316 ha et compte sur un rendement global de 5536 tonnes ou plus en fin de campagne. Ici au Jitumu, le rendement moyen à l’hectare oscille entre 2,5 tonnes et 1, 4 tonnes, avec des records de productions n’ayant jamais dépassés 30 tonnes pour les producteurs les plus performants.

En attendant de voir ce qu’il en sera à la clôture définitive de la campagne en cours, une controverse d’une banalité apparente menace gravement la légendaire solidarité des cotonculteurs du Jitumu. La nature réelle des semences de coton à l’origine des récoltes en cours en est la cause première  et le sujet principal.  Tandis que les uns pensent que la qualité des semences livrées n’est pas bonne et qu’elle est le premier facteur des baisses de leurs rendements donc de leurs revenus ; les autres pensent catégoriquement le contraire et prient même pour son maintien dans le circuit d’approvisionnement des intrants pour longtemps. 

Toutefois, ce qui complique  énormément ladite controverse est l’absence de catalogues ou de  fiches techniques spécifiant la ou les variétés de coton en cours de récolte actuellement. Aucun des paysans impliqués dans  ladite polémique ne connait avec certitude ni les variétés de semences de cotons actuellement en exploitation ni les variétés jadis livrées  à fortiori l’ensemble des variétés de coton pouvant exister à travers le monde.

Pourtant loin des apparences de banalités qu’elle peut comporter, cette controverse est considérablement  révélatrice des conditions de production réelle du coton dans le Jitumu voire dans le Mali entier. En effet, le coton est une spéculation dont toutes les activités d’exploitations se mènent essentiellement selon les objectifs de croissances des compagnies qui en sont promotrices notamment l’OHVN et la CMDT.  

Cette situation de  monopole exclusif de ces  deux organisations sur l’ensemble de la production cotonnière  ici au Jitumu voire au Mali ainsi que l’endettement paysan permanent qu’il permet ; ne favorisent ni les efforts  de renseignement des paysans sur les semences disponibles, ni  leurs désirs de choix personnalisés de semence de cotons, ni l’épanouissement durable d’un paysannat local qui a la maitrise des protocoles de sélection et de validation des semences qui lui sont destinés . C’est une situation qui cristallise à juste titre et à elle seule tout le lot d’assujettissement permanent et de chantage indicible inhérente à la production cotonnière aux yeux du paysan lambda.  

Ce qui explique, d’ailleurs, le succès des modèles alternatifs  émergeant de prépaiements  d’intrants agricoles, comme celui de myagro , actuellement dans le Jitumu et environ. Ces nouveaux modèles d’accès aux intrants agricoles de qualités et à temps permettent  parfaitement ce qui semblait complètement impossible 10 ans auparavant d’un point de vue paysan : ‘’cultiver la spéculation de son choix sans s’endetter’’.

Groupe Cibarani

 

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