« Le président de la République était là, les président des Agriculteurs était, plein d’autres responsables aussi étaient là. En fait, il y’avait ce jour tellement de personnalité importantes que je me demandai ce qu’une paysanne aussi pauvre que moi avait bien pu faire pour mériter d’être de la partie » Ainsi me résumait Mariam Doumbia ses émotions lors de la cérémonie de distinction honorifique ayant consacré son élévation au grade de CHEVALIER DE L’ORDRE NATIONAL DU MERITE AGRICOLE du MALI au titre de la campagne agricole 2016.
En l’aube des activités champêtres de cette campagne agricole 2017, c’est avec un réel plaisir que nous comptons ici parmi nous, au Jitumu un autre récipiendaire de la médaille malienne pour paysan pilote. Soit la troisième récipiendaire, puisqu’il s’agit bel bien d’une dame cette fois ci, d’une liste qui ne manquera pas de s’allonger au fil des temps à venir.
Une des deux femmes parmi les 11 paysans ainsi distingués pour leurs activités agricoles au cours de l’an 2016, Mariam Doumbia est l’unique et la première paysanne du jitumu à bénéficier d’une telle distinction. Veuve au soir de ses cinquante ans, Mariam est devenue paysanne à plein temps depuis la mort de son époux. Elle vit à l’extrême ouest du village de M’pièbougou dans un petit hameau en compagnie de son garçon, l’épouse et les 4 enfants de ce dernier.
Empruntant ses champs au patrimoine foncier de la famille de son défunt mari ; les seuls outils dont dispose Mariam se résument à une charrue, une charrette, 5 houes plus un bœuf et un âne. En dépit du caractère fondamentalement rudimentaire de cet outillage, la taille des parcelles mises en culture par Mariam et son garçon n’ont pas cessés d’augmenter ces 10 dernières années pour venir stagner depuis 3 ans autour du seuil considérable (au regard de son outillage) d’une dizaine d’hectare et quelques ares.
En dehors du grand mérite d’avoir su résister et faire résister aux tentations des sirènes de sites d’orpaillages environnants le Jitumu par son choix de maintenir par l’agriculture la progéniture lui ayant été léguée ; Mariam Doumbia est aussi et surtout la première femme de son village sinon du Jitumu entier à oser la cotonculture depuis maintenant 3 ans. En plus de lui permettre un accès préfinancé aux intrants agricoles dans la situation d’impécuniosité permanente qu’était devenue la sienne à la mort de son mari, la culture du coton lui facilite, par ricochet, l’entreprise de la culture de maïs. En association avec ses cultures traditionnelles de gombos, d’arachides et autres légumes ; cette céréale est exclusivement destinée à la sécurisation alimentaire de sa famille tandis que la vente du coton lui permet de générer assez suffisamment de revenu pour la satisfaction du reste de ses besoins monétaires.
Cette distinction de Mariam en plus d’honorer la région entière de Koulikoro ; le cercle entier de Kati ainsi que l’ensemble des communes rurales du Jitumu ; vient encore souligner avec éloquence les différences faites par les femmes du Mali en général. Dans la permanence de leurs anonymats et dans la constance de leurs manques de moyens matériels de production, elles sont des cœurs vaillants pour lesquels n’existent que très peu sinon aucun impossible. Agriculturellement Vôtre.