Rendements agricoles & Stratégies de gestion post récolte, Quelques pratiques courantes au Jitumu.
1Arachide et problème de GPR
La saison des pluies s’en est maintenant allée ; place encore et alors aux mêmes vieux ennuis et soucis de gestions post récolte des rendements agricoles…
2 Arachide et feuille de neem
3 Sorgho & Dessous d'un hangar de séchage
La bonne conservation du rendement agricole après la récolte demeure encore de nos jours la préoccupation la mieux partagée par tous les petits paysans à travers l’Afrique. Elle soulève une problématique qui commence dès le champ pour se poursuivre jusque dans les lieux de stockage finaux. Mieux que les pertes occasionnées par l’inefficacité des techniques de récoltes ou de transports des rendements, les difficultés de conservation post récolte des rendements agricoles constituent le facteur, le plus, perceptible de pénurie alimentaire ici dans nos familles paysannes du Mali. Qu’ils sont innombrables, par an, à travers les villages du Jitumu ; les chefs de ménages ou de famille ayant recours au secours social parce qu’ils ont eu la mauvaise surprise de découvrir, un beau soir ou un beau matin leurs dernières réserves alimentaires ou leurs ultime stock semencier détruits par les ravageurs. C’est-à-dire que chaque année; les attaques de termites, de charançons, de pucerons et ou autres ravageurs conduisent, ici au Jitumu, à la perte d’immenses quantités de stocks alimentaires ou semenciers. Et le manque à gagner qui en résulte affecte toujours, de près ou de loin, le poquet de semi et le bol alimentaire.
Des stratégies de gestions post récolte des rendements agricoles existent pourtant à travers toutes l’Afrique. Ici au Mali, ces stratégies sont autant variées que les terroirs, les denrées ainsi que les usages de ces dernières sont multiples. Ici au Jitumu, par négligence des pratiques inspirées par la tradition ou à défaut d’accès aux produits de gestion post récolte manufacturés sur les marchés ; certains s’en tiennent au simple dépôt de goulots de bidons d’herbicides ou d’insecticides aux fonds des sacs d’emballage de leurs différentes productions agricoles à conserver ; tandis que d’autres vont jusqu’à l’aspersion de leurs lieux de stockages avec de l’essence ou du gazoil, s’ils ne conservent pas totalement leurs productions dans les containers usagers de ces carburants… Toutes les techniques y passent à condition que le stock alimentaire ou le stock semencier reste sain et sauf jusqu’au moment du besoin. Toutefois en dépit de leur apparente profusion, les stratégies de gestions post récolte en usage ; ici au Jitumu, peuvent se subdiviser essentiellement en 3 catégories majeures selon la typologie des outils ou des processus concourant à leurs mises en œuvre.
Les unes requiert l’usage de produits manufacturés (les exigences de régularités et les exigences de dosage que comporte l’usage des produits de cette catégorie découragent beaucoup leurs usages si ce n’est pas les problèmes d’accessibilité dont ils sont parfois l’objet) ; d’autres exigent l’usage de produits locaux d’origine, surtout, végétale tandis que la mise en œuvre des produits ou outils constitutifs de la troisième catégorie passe par la combinaison des produits de la première et de la deuxième catégorie.
4 Grénier, Intérieur Jour
Les rendements agricoles qui font, généralement, l’objet de ces différentes stratégies de gestions post récolte se composent essentiellement de produits céréaliers dont le maïs, le mil, le sorgho, l’arachide et le nyébé sont les plus importants, de tubercules dont les patates douces sont les plus importantes.
En dehors des produits de conservations ou de gestions post récolte, les stratégies de gestions post récolte se déroulent selon un processus et exige des lieux consacrés.
Le séchage au soleil :
5 Maïs & hangar de séchage
Dans un contexte d’absence généralisé des séchoirs et autres infrastructure moderne de séchage, le séchage au soleil est une étape obligatoire dans le processus de gestion post récolte pour tous les rendements suscités sauf les patates et les courges.
6 Maïs & Sechage sous ombre
Le séchage au soleil est un processus qui survient au champ ou à la maison. Sur un espace consacré à cet effet, les rendements de maïs, mil sorgho, nyébé, arachide sont exposés pendant plusieurs jours au soleil. Ils peuvent être exposés à même le sol ou non selon les moyens du paysan ou sa connaissance des technologies recommandées. Voilà pourquoi les toits et les cours de toutes nos maisons à travers les villages du Jitumu sont pavoisés de rendements de maïs, d’arachide, de gombos… les mois consécutifs à la saison des pluies.
Les pieds de maïs sont d’abord coupés et entassés dans les champs. Ils sont ensuite dépouillés de leurs épis desquels on enlève enfin les spathes. Les épis de maïs sont, une deuxième fois, exposés à terre sur un hangar bas ou haut avant d’être battus pour stockage dans sacs ou engrangement dans des greniers en banco ou en latte de bambou simples. En dehors du séchage au soleil ; survient aussi, çà et là, des techniques de séchage sous ombre. En plus des prescriptions du conseil agricole le ce sont les techniques de séchage en vigueur qui concourent largement à cet état de fait.
7 Arachide & GPR
Les arachides après avoir été enlevés de leurs fanes sont l’objet du même séchage prolongé au soleil. C’est lorsque les graines d’arachide sont estimées complètement sèches qu’elles sont emballées dans des sacs pour entreposage aux greniers ou au magasin.
Les gombos, essentiellement réservées aux femmes, sont après leurs récoltes découpés en petites rondelles qui sont ensuite exposées au soleil pendant plusieurs jours.
8 Gombo & séchage
9 Sorgho et stratégie de GPR
10 Battage de sorgho
Le mil et le sorgho sont généralement si tardifs que leurs récoltes surviennent lorsque leurs graines sont assez sèches. Ce qui les prédispose à un emballage ou un stockage post récolte, dans la plupart des cas, immédiat et cela avec ou sans battage préalable. En dehors de la seule technique de stockage dite « gnô djôkô’; toutes les autres techniques de conservation post récolte des panicules de sorghos et de mils sont relativement simples. Elles consistent en leurs stockages dans des greniers à ciels ouverts ou non avant leurs battages. En effet, c’est parce que les panicules de sorgho et de mil sont réputées comporter des vertus conservatrices contre l’endommagement, qu’elles sont généralement conservées sans battage préalable.
11 Bouse de vache & Aire de séchage post recolte
Quant au fonio, ses graines sont si sèches à sa récolte qu’ils font rarement l’objet de séchage au soleil après leur piétinage sauf en instance de cuisson. Toutefois en cas de besoin de séchage post récolte, les aires de séchage des rendements de mil, de riz, sorgho fonio et haricot sont l’objet d’un soin très particulier. Elles sont complètement dégagées de toutes ordures. Certains vont jusqu’à badigeonner leurs aire de séchage de bouse de vache contre l’ensablement des rendements à sécher.
Cependant, les courges et les patates douces font exception à cette sacrosainte règle du bon séchage au soleil. Tandis que les premières sont exposées à l’ombre sur des pailles, les secondes sont spécialement enfouies dans des trous aux fonds et aux crêtes garnis de son de mil.
A la fin du processus de séchage parfois assez long, arrive l’étape du conditionnement du rendement agricole avec des produits de gestions post récolte spéciaux.
Rendements agricole et conditionnement avec des produits de gestion post récolte
Comme sus mentionnés, ce sont des produits qui peuvent être manufacturés, issus de la tradition ou une combinaison des deux.
Les produits manufacturés de gestion post récolte sont, la plupart du temps, des produits d’importations généralement indisponibles ou inaccessibles sur les marchés de proximités. S’ils le sont, ils sont rarement de bonnes qualités si ce ne sont pas leurs modes d’emploi qui posent problème.
12 Bènèfing djon
Les produits de gestions post récolte locaux sont des produits de proximités consistant, généralement, en espèces végétales courantes autour des champs eux-mêmes. Les espèces végétales les plus recherchées pour ces fins de conservation post récolte des rendements agricoles sont les feuilles de neem (azadiracta indica) et les pieds feuillues de bènèfing djon (une espèce végétale non identifiée par nous), cette herbacée à l’odeur fortement imposante.
13 Semence de sorgho & feuille de neem
Si c’est au conseil agricole que revient le mérite de la vulgarisation des vertus des feuilles de neems comme produit de gestions post récolte des rendements agricoles, la tradition est le principal prescripteur du bènèfing djon dans le processus de conservation post récolte des rendements. « Ça c’est la plante que nous utilisons depuis toujours pour la conservation de nos rendements » dixit plusieurs de mes interlocuteurs natifs du Jitumu & environ autour de ce sujet.
La technique d’usage des feuilles de neems en phase de conservation post récolte se réalise de deux manières principales. La première consiste à mettre au fond des sacs d’emballages des brisures de feuilles sèches concassées de neem sur lesquelles sont ensuite déposés les rendements à conserver. La deuxième technique consiste en la réduction des feuilles fraiches de neem en fins morceaux avec lesquels les rendements agricoles à conserver sont, ensuite, malaxés puis emballés ou simplement engrangés/ emmagasiner.
Les techniques d’usage du bènèfing jon, en phase de conservation post récolte, se réalise aussi de plusieurs manières. Certaine passe par la réduction des feuilles et pieds de bènèfing djon en cendre avec laquelle on badigeonne l’intérieur de l’espace ou du récipient destiné à contenir le rendement à conserver. Une autre manière consiste en l’incrustation des pieds feuillus de bènèfing djon à intervalles réguliers dans le stock emballé ou engrangé de graines.
14 Maïs & Bènèfing djon
En plus de ces techniques aux résultats avérés par des générations de paysans, existent d’autres techniques combinant les produits de gestions post récoltes d’ordres traditionnels et modernes. Les techniques dans cet ordre sont multiples. Toutefois, la réalisation de certaines d’entre elles pousse l’audace jusqu’à l’inquiétude. Les cas de pratiques allant de l’aspersion des lieux de stockage par des carburant de type essence ou gasoil à l’usage de fûts et bidons puants d’essence ou de gasoil comme récipients de conservations post récolte en sont particulièrement emblématiques. Ces techniques sont particulièrement courantes dans les cas de conservations de semences de haricots et d’arachides. En effet ici dans le Jitumu et ses environs, les graines de haricots et d’arachides sont réputées êtres les plus difficiles à conserver malgré leurs degré de séchage.
Emballage Vs Stockage, les lieux et récipients de conservations post récolte :
L’emballage et ou le stockage sont deux étapes du même processus de gestion post récolte qui surviennent plusieurs jours après la récolte des rendements. Les récipients d’emballages sont amovibles tandis que les lieux de stockages sont inamovibles.
15 Arachide & emballage
Les sacs et les sachets constituent les récipients de stockage les plus courants. Ici dans le Jitumu, la conservation post récolte sied à tous les types de sacs. Certains sont conformes aux indications du conseil agricole tandis que d’autres en sont complètement aux antipodes. Ils vont des sacs usagers de fertilisants surtout chimiques jusqu’aux bidons de produits phytosanitaires.
16 Maïs & GPR
Les lieux de stockage post récolte inamovibles sont les magasins et les greniers. Ils diffèrent essentiellement par leurs modèles architecturaux. Les magasins sont généralement construits dans des matériaux modernes. Ils font l’objet, au gré des périodes, de traitement phytosanitaire pour la bonne gestion post récolte de rendements agricoles divers. En dehors de ces magasins généralement collectifs, il existe pour toutes les familles et ou ménages des greniers à travers les habitations des villages du Jitumu & environs. Ils sont les banques alimentaires initiales de nos familles en milieux rural.
17 Gréniers en paille
Contrairement aux magasins aux toits de tôles, les greniers restent surtout des édifices en paille ou en banco quelques rares fois revêtu par du ciment. Ils sont circulaires et reconnaissables, la plupart du temps, aux piliers de pierres sur lesquelles ils tiennent toujours. Les parois des greniers impermanents sont généralement en paille et sont, pour la plupart, sans toits ni issues de secours latérale. Ce sont des greniers, habituellement, destinés au surplus de rendement ou au stock en attente de battage.
18 Grénier en banco
En revanche, les greniers les plus permanents sont édifiés en banco parfois crépit de ciment. Tenant sur leurs piliers de pierres habituelles, Ils sont couverts de toits de chaumes ou de tôles et muni de petites fenêtres hautes. Ce sont des constructions conçues avec des soucis évidents de gestion post récolte. Ce qui explique l’intégration à leurs dispositifs de constructions de matériaux aussi divers mais patiemment sélectionnés comme les herbes du type bènèfing jon, la terre de termitières géante à pétrir avec du son de fonio, de l’huile de moteur usagers à mixer au banco de construction …
19Paroi de grénier
20 Sol de grenier & distopistif de stratégie GPR
En attendant l’émergence et la vulgarisation d’un manuel moderne de bonnes pratiques de stratégies de gestion post récolte de rendements agricoles ; la saison des pluies s’en va encore en nous laissant avec nos bons vieux ennuis et soucis de gestions post récolte des rendements agricoles….
21Vannage de sorgho @ Dongoronna
22Fondation de grénier & dispositif de GPR
23Semence de sorgho & Stratégie de GPR
24Grénier en paille
25Grénier en bambou
Groupe Cibarani,
Ka sènè Kunafoni Jidi a sôrô yiriwali kama!