A la redécouverte des vertus anti érosive d’une herbacée familière : ‘’Waaga’’
La gestion intégrée de la fertilité des sols est le souci le mieux partagé par tous les petits paysans à travers le monde.
Dans le contexte ouest Africain actuel effrayant de pressions foncières sur les domaines agricoles familiaux et de difficulté d’accès aux fertilisants de qualité, l’intégration effective des techniques qui en sont constitutives par les petits paysans s’avère plus que nécessaire à la poursuite et au maintien de maintes exploitations agricoles familiales aux sols appauvries par des générations de cultivateurs.
Ici au Jitumu (sud de Bamako), les paysans intègrent de plus en plus de techniques de GIFS dans leurs activités. Cependant, peu de paysans y procèdent aussi méthodiquement et systématiquement que Moussa Samaké ici à Massala, à l’est d’Ouelessebougou.
Avec ce jeune agriculteur au soir de ses trente années d’âge, la GIFS rentre dans le cadre de tout un programme d’activité pré hivernal. Car de son expérience, la maitrise et l’intégration effective de ses techniques de GIFS dans leurs diversités constituent complètement ‘’l’assurance vie du paysan qui ne désire pas changer de métier’’.
C’est ainsi que, chaque année, dès la fin des travaux de battages et de stockage des récoltes ; Moussa se consacre aux séquences préparatoires de ses activités de GIFS pour la campagne à venir. Il commence, d’abord, par la construction de compostières, passe à l’installation de parcs animaliers rotatifs dans les champs encore truffées de tiges de maïs, de mils…, et fini de conclure la série d’activités par la collecte de semences de waa (une herbacée de la famille des andropogon aux propriétés anti érosive) à conserver jusqu’à la nouvelle saison de pluie.
Bien que la technique de collecte des semences de waa avec Moussa, consiste en simple ramassage des formations de tas de fleurs de waa à travers les champs vidées, elle exige d’être conduite avant le départ généralisé des feux de brousses et le démarrage effectif de l’harmattan, ce vent de saison sèche qui disperse parfois tout sur son passage. Autrement, le paysan devra se contenter de formations spontanées en période hivernale. Ce qui est bien aléatoire.
Les semences ainsi collectées et conservées par Moussa dès le début de la saison sèche, sont semées en période d’hivernage entre les parcelles cultivées pour servir de ceintures vertes anti érosives. Ce qui permet depuis maintenant 7 années consécutives à Moussa la récupération annuelle progressive des pans entiers de terres agricoles jadis abandonnées à cause de leurs forts taux de lessivage par les eaux de ruissellement.
Au-delà de cet avantage inestimable, l’intégration du waa à ses techniques de GIFS permet chaque année à Moussa de couvrir les besoins courants de matériaux de construction en paille de sa famille et de ses voisins.
En effet, c’est cette herbacée, synonyme de bonne qualité du sol agricole dans la tradition locale du Jitumu ; qui fournit la matière première de la plupart des matériaux locaux de construction à base de paille. Jadis bien représentée dans la population florale locale; elle est de nos jours en voies de disparition du fait de la surexploitation dont elle fait, justement, l’objet du fait de la croissance continue des besoins de matériaux de construction en paille.
Alors que la simple popularisation des soucis de GIFS motivant son adoption par Moussa dans ses travaux champêtres pourrait largement contribuer à son sauvetage et au repeuplement du patrimoine végétal local pour la facilitation de la satisfaction des besoins courants domestiques de matériaux à base de waa.
Groupe Cibarani